Je défends le système de santé, c'est clair.
Je crois à l'égalité d'accès et à l'universalité.
Je sais que l'un des plus grands problèmes du système est associé aux services d'urgence ...
Malheureusement, le système souffre d'une importante pénurie de main-d'oeuvre, un obstacle à l'amélioration de l'accessibilité aux services. Les infirmières, la seule catégorie professionnelle qui est présent 24h sur 24h, représentent le défi majeur, avec +- 3400 postes à combler! 3400 infirmières, c'est plus que la population de la ville de Témiscaming, c'est énorme.
Le manque de professionnelles dans la vie quotidienne implique moins de chirurgies, une réduction dans le nombre des admissions et un délai énorme pour l'obtention de service, car il n'y a pas de professionnels pour prendre soin de tout le monde. C'est dommage, c'est la population qui en paie le prix . Une visite à l'urgence pour quelqu'un ayant reçu un niveau de triage moyen (4 ou 5), peut signifier des heures et des heures d'attente.
Le problème des urgences est le reflet du problème majeur du système de santé québécois : changer le statu quo est une tâche herculéenne. La question des urgences traîne depuis des années (30, 40 ?) sans solution. La cause principale des temps d’attente prolongés est l’encombrement des services. Les gens utilisent encore les urgences comme la porte d'entrée, un important point d'accès au système.
Une personne avec un niveau de triage 4 ou 5 peut attendre 10, 12, voire 24h avant de recevoir un avis médical. C'est inhumain, certain! C'est contre le principe propre d'un triage. Un temps d'attente prolongé se traduit par l'augmentation de la souffrance, du stress et parfois même une aggravation de la condition médicale. Théoriquement, un patient doit être réévalué aux 2h, aux 3h, selon l'état clinique initial. Hélas, il n'arrive jamais ou presque jamais! Pour quoi?
Pour poursuivre, voici un tableau indiquant les niveaux de triage et les temps infirmière -médecin prévu :
1 réanimation immédiat immédiat arrêt cardiaque
2 imminent immédiat <15 minutes douleur thoracique
3 urgent <30 minutes <30 minutes asthme modéré
4 moins urgent <60 minutes <60 minutes traumatisme mineur
5 non urgent <120 minutes <120 minutes rhume
Les infirmières du triage ainsi que les médecins de l'urgence n'ont pas assez de temps, la charge de travail est gigantesque. Réévaluer une condition clinique devrait être une priorité, mais c'est difficile d'y mettre cela en pratique lorsqu'il les ambulances arrivent une après l'autre et les patients qui peuvent marcher entrent sans arrêt par la porte d'entrée ... les médecins doivent s'occuper de l'urgence principale, des cas hyper complexes et ainsi des cas moins graves. Est-ce que nous connaissons la façon dont nous pourrions améliorer le service ?
C'est dur, très dur gérer un service d'urgence. De prime abord, la population doit être mieux éduquée pour optimiser les services, une urgence n'est pas l'endroit idéal pour les petits bobos. Les cliniques sans rendez-vous ne sont pas capables de combler le fossé, non plus. Les médecins de famille, les UMF, les GMF, les cliniques réseaux, le pouvoir aux pharmaciens et aux IPS ... le système est plein de bonnes idées, mais entre la demande et l'offre de services il ya un grand écart. Les IPS pourront aider, mais nous sommes encore un très petit groupe, presque insignifiant.
Le système a besoin de plus d'infirmières, de plus de médecins, de plus de techniciens de tout sort (labo, nutrition, physio, inalo, etc). Il faut améliorer accès aux professionnels diplômés à l'étranger, mais les obstacles politiques sont énormes! Par exemple, en 2013, seulement 56 de 180 médecins diplômés hors du Canada ayant fait une demande de résidence ont réussi à en obtenir une. En ce qui concerne les infirmières, l'OIIQ dit que la proportion des diplômés hors Québec atteint 14 % de la relève en 2012-2013, le plus haut niveau enregistré à ce jour, principalement en raison de l’arrivée des infirmières françaises dans le cadre de l’Entente France-Québec, en vigueur depuis 2010-2011. Ce nombre a plus que doublé depuis 2008-2009. Les diplômés hors Québec représentent 14 % de la relève en 2012-2013, comparativement à 8 % en 2008-2009. (source = OIIQ) Une bonne nouvelle, mais le problème persiste...
Un système hybride public-privé sera-t-il la solution? Je ne pense pas. Un système hybride peut tout simplement augmenter l'écart entre les riches et les pauvres et cela n'est pas une solution, c'est un maquillage.
J'espère que les nouvelles politiques en matière d'accès au système de santé prennent effet, que les IPS et d'autres professionnels (pharmaciens, par exemple) acquièrent une plus grande autonomie, pour offrir un meilleur service à la population.
Rêver n'est pas interdit :-)
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